Modèle de compréhension de textes (Kintsch
& Van Dijk, 1978)
Van Dijk et Kintsch (1978) ont élaboré un modèle de
compréhension en 1978. Ce modèle analyse l'interactivité de différents
processus complexes opérant simultanément lors de la compréhension suivant
trois niveaux de représentation « surface du texte – base de texte –
modèle de situation ». Ces processus prennent en considération les
différentes étapes que le lecteur réalise pour parvenir à construire la
signification globale du texte. Cette signification est donnée sous la forme
d’un ensemble de « propositions sémantiques ». Chacune d’elles
comporte un prédicat et un ou plusieurs arguments[1].
En premier lieu, la "microstructure"
sémantique est le niveau pendant lequel le lecteur élabore la base de texte ("text
base"), autrement dit, la signification du contenu du texte, la
cohérence locale et globale de ce contenu. La base de texte est constituée d’un réseau de propositions et
de relations dérivés du texte. En fait, la signification d'un texte est une
représentation constituée d'une liste de propositions composées d’un prédicat
et un ou n arguments.
La microstructure d'un texte est constituée d'un réseau de
propositions hiérarchisées renvoyant à ce qui est exprimé dans le texte et des
relations entre les propositions, marquées par le chevauchement d'arguments. Le
traitement textuel commence par l'établissement de la cohérence référentielle[2]
(Marin & Legros, 2008) l’élaboration inférentielle est mise en œuvre pour
combler les trous sémantiques et réaliser la cohérence de "la base de
texte". Pour ce qui est de la macrostructure, le traitement global
du texte est réalisé en fonction des intentions du lecteur.
Le compreneur traite l'information par le biais de processus complexes (la
sélection, la hiérarchisation et la coordination) (Mattei, 1990):
- la sélection : prise en compte de certaines informations
en leur accordant plus d’importance par rapport à d’autres informations. Le
compreneur adopte une démarche permettant, en fonction de ses intentions, de
sélectionner les informations textuelles, en prenant certaines informations et
en excluant d'autres. (Mattei, 1990 ; Marin & Legros, 2008).
- la
hiérarchisation : Ce processus se caractérise par la catégorisation des
informations, c'est-à-dire les informations sélectionnées se subdivisent en
deux catégories (Mattei, 1990): « Informations importantes »
relatives au thème/sujet du texte en question, et informations « peu
importantes », c’est-à-dire non nécessaires à la construction d’un résumé
(secondaires).
Cette hiérarchisation des informations est en relation
directe avec les connaissances du lecteur et le contexte de la lecture, en d’autres
termes, l'ordre des informations, l'importance des informations, la présence de
déclencheurs ou de signaux qui aident à identifier la pertinence et/ou non
pertinence de l'information…etc. (Rouet, 2000).
- la cohérence:
la détermination finale de l'organisation des informations est liée de façon
directe à des règles de cohérence interne, et externe relatives au texte.
Ce traitement mène à un résumé du texte "la
macrostructure sémantique" (Van Dijk, 1983, voir Denhière, 1984). Ce
modèle semble limité (Marin & Legros, 2008) quant à la prise en compte de
la langue et de l’aspect culturel propres au lecteur, qui favorisent
l’opération inférentielle. Il a complètement négligé les caractéristiques
culturelles et la langue qui déterminent les spécificités du lecteur en
réduisant la compréhension à un simple comptage de propositions.
Van Dijk et Kintsch ont ajouté ultérieurement une nouvelle
composante "modèle de situation", qui a rendu compte de l’aspect de
la langue et de la culture en mettant l’accent sur les connaissances du sujet.